Gaëlle Chotard
La peau de l'oiseau
Gaëlle Chotard
Sans titre, fils et mailles métalliques, 2025
© Vincent Blesbois
Gaëlle Chotard
Sans titre, bronze, 2018
© Vincent Blesbois
Gaëlle Chotard
Sans titre, fils et mailles métalliques, 2017
© Vincent Blesbois
Gaëlle Chotard
Sans titre, fils et mailles métalliques, acier, lames de faux, 2025
© Vincent Blesbois
Gaëlle Chotard
Vue de l'exposition La peau de l'oiseau, 2025
© Vincent Blesbois
Gaëlle Chotard
Sans titre, lames de faucilles et cordes à piano, 2025
© Vincent Blesbois
Gaëlle Chotard
Vue de l'exposition La peau de l'oiseau, 2025.
© Vincent Blesbois
Gaëlle Chotard
Sans titre, Papiers encrés et déchirés, 2024
© Vincent Blesbois
au 04 mai 2025
Dans son exposition La peau de l’oiseau, Gaëlle Chotard investit trois espaces, lieu de trois expressions différentes, où chaque oeuvre établit une relation avec le paysage de roche et d’eau vu par les fenêtres. Dans la première salle de l’usine du May, deux grandes dépouilles de mailles métalliques accueillent le visiteur comme des volatiles qui déploient leurs ailes dans l’espace. Au sol deux éléments organiques en métal jouent sur deux registres formels. Le premier en bronze se présente comme le résidu d’un crâne animal ou celui d’un rocher creux. Il fait face à un objet constitué de faux qui se déploient.
Je ne pensais pas que Gaëlle accorderait un tel intérêt au couteau et aux objets tranchants pour la constitution de ce projet. La quête de vieux outils de coupe lui permit d’écrire de nouvelles partitions en traçant des lignes et des ondulations dans l’espace. En collaboration avec le coutelier Geoffroy Gautier, elle adapta la pointe de lames de faucilles récoltées afin qu’elles s’accrochent comme des griffes aux cimaises de la seconde salle. En écho mimétique avec les remous et puissance de l’eau dont le flux vivant traverse le bâtiment, ces faucilles tracent des bondissements et s’expriment comme la trace nerveuse d’un pinceau sur le papier.
Un dernier élément sculptural a toute son importance dans son vocabulaire car il instaure une autre dynamique énergétique : l’usage de la corde à piano qu’elle pique régulièrement dans le mur pour faire émerger de nouvelles lignes de force qui s’opposent aux formes noueuses des sculptures crochetées. C’est à l’occasion d’un workshop aux Beaux-Arts de Paris en 1996 qu’elle commence à les travailler sous la direction de Mona Hatoum qui l’incite à poursuivre la manipulation de ce matériau lisse, brillant et aux multiples qualités structurelles. Au Creux de l’Enfer, ce sont des bouquets de flux métalliques qui jaillissent des murs. Ils portent la lumière, la diffractent, la figent dans un éclair.
Sur la fin du parcours, Gaëlle Chotard présente des dessins aquarellés. De grands morceaux de papier marqués par des nuances de bleus et noirs. Ces dessins sont réalisés à plat à partir de flaques d’encres qui fusent dans le papier et se recouvrent de nouvelles couches de papier en écaille. Une peau se crée à nouveau mais aussi l’esquisse d’un volume de papier. En écho à la rivière qui par temps calme réserve des marres de décantation, les dessins suggèrent une plongée dans l’univers aquatique ou par endroit, un oiseau d’argent, telle la bergeronnette des ruisseaux qui niche au plus près de la Durolle, vient se poser.
Dans son exposition, Gaelle Chotard génère des organismes interconnectés au sein d’un paysage vivant traversé par des flux, des respirations, des ondulations. Évoquant des griffes accrochées, des vagues enfouies ou encore des mues de serpents, les sculptures de Gaëlle Chotard se métamorphosent dans l’ombre et la lumière. Elles apparaissent puis s’effacent, comme dans un souffle.
Sophie Auger-Grappin
Gaëlle Chotard.
Née en 1973 à Montpellier et diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1998, elle vit et travaille désormais à Nogent-sur-Marne. Entre dessin et sculpture, la recherche artistique de Gaëlle Chotard dialogue avec l’intime et l’étrange. Entretenant un rapport déterminant avec l’espace, elle le considère comme une page blanche sur laquelle elle rend ses oeuvres visibles tout en soulignant le vide et les ombres qui les constituent. Issues d’un long travail du trait dans ses carnets à dessins, ses oeuvres minutieuses et fantasmatiques tissées de fils métalliques mêlent subtilement volumes, lignes et mouvements. En entrelaçant lignes de métal ou lignes de dessins, Gaëlle Chotard crée des oeuvres qui prennent vie dans l’équilibre. Comme une expérience de contemplation, elle dessine des paysages, le ressenti des strates, des failles.
Imprégnée des dessins de Victor Hugo et de Caspar David Friedrich, la couleur est apparue récemment dans son travail : sépia, bistre, sanguine ou encore terre de sienne s’invitent, révélant des percées d’eau, de ciel, de feu, de sang, de rouille et de lumière.
Grâce à une gestuelle de funambule, Gaëlle Chotard joue avec la malléabilité des matériaux et dessine dans l’espace des formes organiques denses mais aussi fragiles, légères et transparentes. Entre pêle-mêle, déchirures, branches ou encore hémorragies, ses oeuvres invitent à un voyage mental.
L’artiste Gaëlle Chotard est représentée par la Galerie Papillon (Paris).
Certaines pièces de l’exposition La peau de l’oiseau ont été réalisées en collaboration avec le coutelier thiernois Geoffroy Gautier.